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L'économie pour les nuls

15 mars 2012

La chasse aux sorcières

En ces temps incertains de tourmente financière, chacun a pu entendre le nom des trois principales agences de notation qui sévissent actuellement : Fitch, Standard and Poor’s et Moody’s. La création de ces agences au début du 20ème siècle répondait à un objectif clair de se donner les moyens de prévoir les faillites et de sécuriser les investissements. En effet le rôle de ces agences est d’attribuer une note de solvabilité à des entreprises, des collectivités ou des états. Les effets de l’abaissement d’une note peuvent être multiples et désastreux pour les entités économiques concernées. Le rehaussement des taux d’intérêt en fait partie, tout comme une défiance accrue des investisseurs institutionnels envers les obligations émises. C’est ainsi que les taux d’intérêt à dix ans de la Grèce se sont envolés à 17,36% en juin dernier, après que l’agence Moody’s ait brusquement abaissé la notation de la dette publique (4 abaissements depuis 2009). Depuis le pays ne peut plus se financer sur les marchés financiers et doit constamment emprunter au FMI et à ses partenaires européens.

Le problème majeur est que ces agences de notations n’ont vu venir aucune crise. Que ce soit la crise asiatique en 1997 où elles n’ont pas vu venir le relèvement des taux aux Etats-Unis, la crise de la dette souveraine en Amérique Latine mais encore la crise des subprimes dans une échelle temporelle plus récente. Le plus surprenant réside sans aucun doute dans le fait que Lehman Brothers possédait une note unanime de AAA (investissement sans risque) la veille de sa faillite en septembre 2008!

Comment faire confiance par ailleurs à des agences qui se font rémunérés par les entités qu’elles notent ? Quand l’on sait que 90% des revenus de ces agences proviennent des entités qu’elles notent nous sommes réellement à la frontière du conflit d’intérêt, voire en situation d’irrégularité. Ainsi plusieurs analystes de Moody’s reconnaissaient volontiers en 2008 ne pas vouloir prendre le risque d’abaisser la note de plusieurs états car ils ne souhaitaient pas que ces derniers décident d’aller se faire noter chez la concurrence.  Maintenant ces agences essaient tant bien que mal de sauver leur réputation en dégradant sans compter les notes des dettes souveraines des principaux pays européens (Italie, Portugal mais surtout Grèce), ce qui augmente leurs dépendances financières et  réduit leur champ d’action dans des politiques d’assainissements de leurs finances publiques.

Cependant essayons pour une fois de nous détacher de notre vision archaïque pro-européenne. Les puissances occidentales ne parviennent plus à renouer avec des taux de croissance comme ceux que l’on a connus pendant les trente glorieuses, c’est un fait avéré. Les notations suivant très souvent les taux de croissance on peut aisément comprendre que 70% des dégradations de notes en 2011 se font au sein de l’Europe (seule la Turquie a vu sa note augmenter). Les augmentations de notes interviennent à 56% en Amérique Latine et à 39% en Asie et Moyen-Orient. Ces agences suivent avec justesse la variable la plus importante en économie : la croissance. Ce n’est pas la réduction de la note de la Grèce qui a engendré ses difficultés à rembourser ses créanciers, mais plutôt sa mauvaise gestion financière.

D’autre part l’Europe a souvent eu l’impression de se sentir assailli depuis l’implosion de la crise des dettes souveraines, mais on a tendance a oublié un point majeur. La note de la dette souveraine des Etats-Unis ne possède plus le fameux sésame « AAA » depuis que l’agence Standard and Poor’s  l’a décidé ainsi. Les agences de notation ont décidé de s’attaquer à l’ensemble des mauvais élèves en gestion des finances publiques sans passe-droit. A nous de réagir et de prendre conscience que nous devons nous attaquer de manière radicale au problème de nos dettes souveraines. 

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8 mars 2011

YES THEY DID!

Un raz de marée prévisible, c’est ainsi que pourrait être qualifiée la décision de la Fed (Banque centrale américaine) d’injecter près de 600 milliards de dollars dans les rouages de l’économie. La manœuvre, baptisée « Quantitative Easing 2 », est simple : faire tourner la planche à billet afin de racheter  une partie des obligations que le Trésor américain émet. Le premier quantitative easing ayant été un échec partiel, on est en droit de se demander si le deuxième du genre aura plus de répercussion sur la croissance américaine. Officiellement, l’objectif est de maintenir à un niveau très bas les taux d’intérêts à long terme pour permettre aux consommateurs américains de rembourser  leurs créanciers.  Officieusement…

Zone de turbulences sur le marché des changes

Plusieurs pays ont vivement réagi à l’annonce de cette mesure, avec en chef de file la Chine, la Corée du Sud ou encore le Brésil. En effet ceux-ci accusent les Etats-Unis de dévaluer artificiellement le billet vert afin de soutenir leurs exportations. Un paradoxe quand on connaît la vigueur  des attaques américaines à l’égard de la politique monétaire chinoise…Plus grave encore, les Etats-Unis risquent de provoquer un afflux massif de dollars dans les pays émergents, où les rendements sont plus attractifs.  La valeur des monnaies de la plupart des pays émergents va donc s’apprécier vis-à-vis du dollar ce qui va pénaliser leurs économies, essentiellement basées sur les exportations.

La crainte du protectionnisme

Lors de du dernier sommet de l’ASEAN (Association of Southeast Asian Nations) à Hanoï, l’ensemble des dignitaires asiatiques ont jugé que l’afflux de capitaux étrangers, principalement américains, provoquait une hausse rapide des bourses et de l’immobilier, alimentant les craintes d’une forte inflation et d’une bulle spéculative. Ainsi la Thaïlande, l’Indonésie, mais aussi le Brésil ont annoncé qu’ils allaient imposer des taxes sur les investissements étrangers afin de juguler l’appréciation de leurs monnaies. La coopération économique entre les états entrevue depuis 2008 commence à s’effriter face aux solutions nationalistes de certains pays. L’apparition de mesures protectionnistes plus ou moins masquées fait resurgir le spectre de la crise de 1929, dont nous pensions tous avoir tirés les leçons.

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L'économie pour les nuls
  • Bonjour à tous, ce blog a pour objectif de mettre en ligne des articles d'économie et de finance afin de vulgariser ces domaines qui peuvent paraître barbares et rébarbatifs. Bonne lecture à tous!
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